Un soir d’orage au palais des Indes, Shéhérazade souhaitant divertir son époux entama un nouveau récit :
Il y avait une fois, dans un petit village isolé d’Egypte un petit homme vert pomme, tel qu’on n’en avait jamais vu de semblable dans le royaume. Ce petit homme s’appelait Ali Cassem, il était petit et maigre, il vivait avec sa femme qui se nommait Sayabad. Ils étaient pauvres, ils vivaient seuls dans leur petite maison en bois.
Un jour, alors qu’Ali se préparait pour sortir vendre au marché les tapis que sa femme avait tissés, il entendit quelqu’un frapper à sa porte : un homme apparut, très richement vêtu : ses vêtements de belles couleurs étaient parés de pierres précieuses, des rubis et des émeraudes étincelants. L’homme lui dit « Je m’appelle Oritalem, je suis ton frère ». Mais le petit homme vert n’avait pas de frère.
Ali Cassem était très pauvre, mais il possédait un trésor : un miroir magique qui avait deux pouvoirs. Il était caché sous un coussin tout usé du sofa, Ali le prit afin de vérifier si le visiteur mentait ou non. Ce miroir magique se colorait en effet en rouge lorsque les individus mentaient, il se colorait en vert lorsqu’ils étaient sincères : c’était le premier pouvoir du miroir : le miroir devint écarlate.
L’homme s’enfuit et Ali le poursuivit, ils coururent pendant dix minutes. Le petit homme vert essoufflé et qui ne courait pas très vite sortit son miroir magique de la poche de son pantalon, il fit apparaître un coussin volant : c’était le second pouvoir du miroir. Trop tard, l’étrange visiteur avait disparu, caché dans la forêt avoisinante : Ali ne put le retrouver.
Un matin alors qu’Ali se trouvait au marché, il aperçut Oritalem près d’un stand de fruits. Il l’oublia vite car les clients étaient nombreux, Ali vendit un tapis ce jour-là. Sur le chemin du retour, le petit homme se rendit compte que son miroir avait disparu. C’était donc cela la raison d’Oritalem ! La jalousie !
Ali bien malheureux rentra dans sa chaumière près de son épouse qui le consola ; un mois passa.
Alors qu’un matin, il se promenait sur le chemin, Ali vit un coussin voler. Bien étonné le petit homme se dit : « On dirait mon coussin ! »
« C’est le jour mon cher époux, dit Shérérazade, hâtez-vous, vos sujets vous attendent, nous reprendrons le récit la nuit prochaine. »
Il sortit son arc et tira une flèche en direction du coussin : Oritalem tomba à terre comme une pierre : il était mort.
Ali reprit son miroir et son coussin, il découvrit qu’Oritalem avait une bourse remplie de pièces d’or et de pierres précieuses accrochée à sa ceinture. Il prit les vêtements, la bourse et les bijoux. Il devint riche avec sa femme et ils vécurent heureux.
Le sultan des Indes, ravi par ce récit embrassa son épouse et attendit avec impatience la nuit suivante, pour le mille troisième récit.
Mathis